Premier instrument de la famille des violons à se jouer sous le menton et soutenu avec les bras, contrairement à la Viole de Gambre (entre les jambes), le violon baryton a été créé au 15ème siècle, en pleine apogée des grandes créations de la Renaissance. Sa grande taille en fait immédiatement un instrument difficile à jouer et sa tessiture empêche les luthiers d'en diminuer les dimensions imposantes. C'est ainsi qu'il tombe dans l'oubli au profit de l'alto, plus petit, au 16ème siècle et ensuite du violon, encore plus petit et accordé une octave plus haut, au 17ème siècle.
L'exceptionnel virtuose Paganini en a malgré tout joué au 19ème siècle, alors que Stradivarius le considérait comme la quintessence du "Violino da braccio" ou violon à bras. Subjugué par son registre, sa chaleur et sa puissance qui surpassent l'alto dans la beauté de la tonalité et la richesse de son timbre, le fameux luthier construisit quelques "Medicea d'alto" en 1690 suite à une commande spéciale des Medicis, et plus particulièrement destiné au Prince Cosme de Medicis. C'est sur un de ces exemplaires que Paganini créa la "Sonata per la Gran Viola" à Londres en 1834.
Grâce à l'ingéniosité du luthier André Sakellarides qui a osé modifier la forme classique pour obtenir la forme contemporaine du Violon-Baryton, cet instrument revoit le jour au 21ème siècle. Ses formes étonnantes et ergonomiques permettent à l'interprète de le jouer tel un grand alto, tout en gardant chaleur, timbre, profondeur et puissance, grâce à une caisse de résonnace de taille judicieusement élargie. Fasciné par la renaissance de cet instrument qui combine la virtuosité di violon, la chaleur de l'alto et la puissance du violoncelle, Stéphane Tran Ngoc fait partie des rares interprètes à faire revivre l'instrument à travers un répertoire classique, des transcriptions ainsi que de nouvelles créations dont certaines lui sont dédiées ("L'Albatros" de Suzanne Giraud, "Fantaisie" de Natanael Mojica).